Musiques en Haïti

À Haïti, on ne peut vivre sans la musique. En dehors du très universel méringué, trois tendances spécifiques se détachent : le compas/cadence , la musique messagère et la musique racines.

Le compas

Inventé vers le milieu des années 50, le compas/cadence est un rythme facile à danser. Musique la plus universellement identifiée comme haïtienne, elle se teinte de rock à la fin des années 60, s'adjoint de tonitruantes sections de cuivres à la fin des années 70, puis s'approprie l'attirail électronique des synthétiseurs dans les années 80. Coupé Cloué figure parmi les artistes de compas les plus populaires. Son style nonchalant et son jeu de guitare inspiré de la rumba zaïroise, sont un vrai régal pour la danse. Quant à ses paroles, elles jouent volontiers sur le registre du double sens grivois. D'autres formations comme Tabou Combo savent tirer le meilleur du compas et le tenir au goût du jour. Les Frères Dejean l'ont tiré vers le jazz, Zéklè vers le jazz-rock.

La musique messagère

Elle puise principalement sa rythmique dans le vaudou, mais réclame un public assis, attentif. Le style engagé des anciens -- Toto Bissainthe, Boulo Valcourt, Mano Charlemagne -- a montré la voie aux plus jeunes, comme Émeline Michel et Beethova Obas, tous deux porte-paroles du peuple haïtien dans leur exil, respectivement à Montréal et à New York. Ils aime Paris, qui le leur rend bien.

La musique racines

Également porteuse de messages, elle découle directement du genre rara , musique de danse, voire de transe, entraînée par le rythme intense des percussions vaudous. Jouée dans les rues, notamment au moment du carnaval, elle comprend plus de 37 rythmes et a bâti son vocabulaire au temps du révolutionnaire Boukman. Après le déchouquage de Baby Doc, la syntaxe et le sens profond de cette musique sont réapparus à travers le mouvement revendicatif racines, en négatif du compas trop insouciant, trop commercial, trop bien traité par les piliers de la dictature. Tiré par Boukman Eksperyans, ce vaudou rock a remis à l'honneur la science musicale populaire haïtienne, dans la lignée de chanteurs comme Ti-Jean Pétro.

DISCOGRAPHIE :
Beethova Obas, Si (Ch. Obas prod./Déclic/Blue silver)
Boukman Eksperyans, Vaudou Adjae et Kalfou Danjere (Mango/Island)
Coupé Cloué, Maximum compas from Haïti (Earthworks/Virgin), 36 ans après, Saki pou ou (Déclic/Blue silver)
Émeline Michel, Flanm et Tout mon temps (Cobalt/Fnac music/WMD)
Frères Dejean et Tap Force, The new boss in town (Celluloïd/Mélodie)
Papa Jube, Liberasyon (Melodie maker rec./Déclic/Blue silver)
Rude Luck, Rude Luck (T.Rock/MCA Canada)
Compilations :
Couleur compas Volume 1 et Volume 2 (Déclic/Arcade)
Haïti chérie, méringué (Corason/Média 7)
Haïti rap & ragga (Déclic/Blue Silver)

François Bensignor, déc. 94