Madina N’Diaye

 

 

Madina N’Diaye, malienne d’origine Peul Toucouleur, revendique aujourd’hui un statut original dans le paysage musical d’Afrique de l’Ouest.

 

Son parcours artistique n’a pas suivi l’itinéraire classique des musiciens issus de grandes familles de griots, héritiers de traditions multi séculaires (les Kouyaté, Diabaté, Cissoko…). Suite à une longue initiation transmise de père en fils, ils sont traditionnellement les seuls habilités à animer les fastueuses cérémonies auprès des notables du pays et occupent, aujourd’hui, une place prépondérante sous les projecteurs des prestigieuses salles de spectacles occidentales.

 

Madina, quant à elle, a du s’armer de patience et de courage pour parvenir à se réaliser, tant sur un plan artistique que personnel. Désireuse d’affirmer son indépendance de femme moderne dans une société patriarcale, elle s’est, de plus, dirigée vers la pratique d’un des instruments les plus emblématiques du patrimoine musical malien : La Kora et ses vingt et une cordes. Passant outre les barrières hommes/femmes face à la pratique musicale, elle a dû s’affranchir peu à peu de la tutelle des griots se réclamant les seuls aptes à faire perdurer ce patrimoine musical.

 

Dans ce contexte, la pureté de sa voix, la fluidité de ses compositions et l’engagement de ces textes pour la cause féminine mettent en perspective la place que Madina tient dans ce nouveau phénomène qu’est l’accès des femmes à la pratique d’instruments traditionnellement réservés aux hommes ou à la caste des griots. Madina, malgré les foudres de certains traditionalistes, a su s’imposer comme un auteur-compositeur-interprète de talent. Formée à l’Institut National des Arts de Bamako, son initiation et sa collaboration auprès de maîtres comme Toumani Diabaté ou Djélimadi Cissoko lui ont donné les moyens d’acquérir une solide expérience de la scène.

 

Femme atypique, dans un pays écartelé entre tradition et modernité, Madina est depuis peu atteinte de cécité. Dépassant son handicap, elle parvient avec talent à nous faire percevoir son monde intérieur, imprégné d’un univers musical propice à l’introspection…


Presse

 

· Mondomix (Mondomix papier de Nov/Dec. 2004 et sur internet) :

« Ses yeux, cachés derrière des lunettes noires, ne voient plus depuis un an, mais son amour pour les traditions et les mélodies mandingues n’en a pas souffert. Seule femme malienne à jouer de la kora, un instrument traditionnellement réservé aux hommes, Madina N’Diaye n’a pas encore trouvé de distributeur pour son premier album. Pourtant, cette femme dotée d’une voix sublime, ayant appris la kora auprès de Toumani Diabaté et Djélimadi Cissoko, ne peut que susciter l’intérêt. »

« The ten tracks on “Bimo Gow” were another welcome surprise from Mali in late 2004. They reflect N’Diaye’s commitment to help her fellow-citizens, women, Africans and, in general, all those discriminated against in this beleaguered world. The lyrics are simple and heavily steeped in the 40-year-old’s personal experiences of chauvinism and bigotry. “They think that women are incapable of doing all the things they do,” sings N’Diaye in “Moussow”, “But I, Madina, play the Kora...Glory to women, glory to the women of Mali. […] While N’Diaye’s voice is certainly not to be compared to the great traditional and neo-traditional singers from Mali, one cannot but be moved by its sincerity and passion. Madina compensates a certain flatness in delivery by the slickness of her kora-plucking and the density of her lyrics.” Daniel Brown

· La Lettre d'information du Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes N°58 (été 2005)

Madina révolutionne par cet album la pratique instrumentale traditionnelle dans son pays le Mali. En s’accompagnant à la Cora, instrument réservé normalement à la caste des griots, elle ouvre la voie à une nouvelle ère dans la pratique musicale. Son chant, ses compositions, ont su l’imposer comme un auteur-compositeur-interprète, formé par des maîtres tels Toumani Diabaté ou Djélimadi Cissoko, elle évolue aujourd’hui en autodidacte. Accompagnée de 7 musiciens et choristes, Madina nous offre un son mandingue et une voix remarquable. Elle chante avec talent son engagement pour la cause fémine, une ambassadrice pour faire changer le paysage musical en Afrique de l’ouest.

· Le « Journal de Saône et Loire » du 5 octobre 2003 :

" Dénoncer les conditions de vie des femmes au Mali est son cheval de bataille […] Une artiste à part entière, auteur-compositeur-interprète, ce bout de femme à moitié dissimulée derrière ses lunettes noires (elle est aveugle) et des on instrument de prédilection la Cora, a envahi la salle de sa voix pure. La Cora instrument composé de vingt et une cordes en fil de pêche, d'une calebasse en peau de vache est traditionnellement réservé aux hommes. Madina, elle, a décidé que c'était par pur égoïsme et de ce fait s'est permis de prendre la Cora pour compagne sur scène […] Un long chemin sur la route du succès qui sera certainement brillant pour cette artiste qui n'est pas prêt de baisser les bras. "

· Afribone.com :

" BASSEKOU KOUYATE ET MADINA N'DIAYE: Rossignol doué à la kora, Madina NDiaye a démontré qu'elle avait d'autres cordes à son arc : le kamalen ngoni. Pendant une quarantaine de minutes, elle a tenu le nombreux public du CCF en haleine avec son groupe […] Une véritable démonstration acoustique accompagnant la mélodieuse voix de Madina. Point de place pour l'ennui parce qu'avec elle l'humour et l'ambiance sont garantis. Ce qui n'enlève rien à l'engagement du jeune talent. Par exemple dans " Tounkan " (l'exode ou l'exil), elle dénonce le rapatriement forcé des immigrés par charters avant d'envoyer clandestins et autorités françaises dos-à-dos. "Si les exactions et les humiliations des autorités et forces de sécurité de la France sont condamnables, il faut aussi reconnaître qu'il n'est pas sérieux d'entrer clandestinement dans un pays", a-t-elle dit. Madina a un talent immense et maîtrise à merveille le chant, la kora et le kamalen ngoni. Même si elle reconnaît modestement n'être qu'une " débutante " dans la musique… " Moussa Boly

· " Le Reflet " (quotidien de Bamako-Mali) du 20 février 2004 :

" Femme instrumentaliste chanteuse jouant deux instruments traditionnels, Cora et Kamelen N'goni, Madina N'Diaye est une artsite qui a fait ses preuves sur le plan national […] Elle est une artiste doublée d'une musicienne aguerrie. Femme atypique, dans un pays écartelé entre tradition et modernité, Madina est depuis peu atteinte de cécité […] Ce qui fait d'elle un modèle d'engagement pour les maliennes, surtout les handicapées. "


Biographie

 

- 1982 à 1988 : Premières expériences de la scène au sein de l'IJA (Institut des Jeunes aveugles) du Mali (rencontre avec Salif Keita, Nayanka Bell, Alpha Blondy, Manu Dibango…).

- 1990 : Début de sa carrière professionnelle. Rencontre de Toumani Diabaté qui lui offre sa première Cora. Formation auprès de maîtres comme Djélimadi Cissoko, Mady Kouyaté ou Djélidjan Kanté.

- 1995 : Sans en intégrer officiellement le cursus, Madina est introduite à l'INA (Institut National des Arts) ou le professeur Do Dembélé lui fait rencontrer le groupe Lo'Jo avec qui elle collabore le temps d'un concert et commence son initiation au kamelen'goni.

- 2000 : Création de son groupe composé de deux jeunes étudiants de L'INA (Siraman Sanougo au Balafon et Souleymane Dembélé à la calebasse) et de Mamadi Kondé à la guitare acoustique.

- 2003 : Suite à une grave infection, Madina perd la vue. Malgré le handicap, elle continue son travail de création, soutenue par son groupe. Sa première venue en France pour une tournée solo est l'occasion de rencontrer le public français, tombé sous le charme…

- 2004 : Enregistrement de son premier album au Studio Bogolan (à Bamako) par Yves Wernert sous la direction artistique d'Aliou Traoré (Arrangeur et musicien d'Oumou Sangaré). Elle vient en France à l’automne pour défendre son CD, produit par Diniébétan.