MAMADOU KONTE

Géant débonnaire aux allures de Thelonious Monk, le feutre éternellement vissé sur le crâne, son grand corps filiforme perdu dans de vastes manteaux, Mamadou Konté est, depuis la fin des années 70, l'ambassadeur mondial des musiques africaines. Aprés avoir guidé la carrière d'artistes aussi fondateurs que Salif Keita, il a assis la notoriété d'Africa Fête sur un triangle atlantique qui relie Europe, Afrique et Amérique. Mais le chemin est long qui l'a mené jusque là.

Né le 22 juillet 1948 à Tambacounda (Sénégal), Malien d'origine puis naturalisé sénégalais, Mamadou Konté s'embarque à Dakar pour la France en 1965. Il débarque à Marseille, illettré, avec pour tout viatique l'adresse d'un hôtel de Saint-Denis où vivent des gens de son village. Mamadou Konté travaille dix ans en usine comme manoeuvre.

A partir de Mai 68, il s'implique dans les luttes qui visent à améliorer la condition des travailleurs immigrés. Il se lie aux militants d'extrême gauche, qui lui apprennent à lire. En 1969, il mène les grèves de loyer dans les foyers de travailleurs immigrés. En réaction au projet giscardien d'aide au retour, il crée l'association d'aide au retour créateur des travailleurs africains. Il s'agit de préparer intelligemment le retour au pays de ceux qui le désirent. Travail collectif, dont le principal vecteur sera culturel.

Il envisage parallèlement d'organiser une fédération des locataires immigrés, visant à améliorer la situation dans les foyers. C'est dans ce but qu'il contacte en 1976 le chanteur français François Béranger. De cette rencontre naîtra le premier concert organisé par Mamadou Konté. C'est l'ébauche du Festival Africa Fête qui prend son essor en 1978.

Jack Lang, ministre français de la Culture, manifeste une reconnaisance officielle de ce travail en élevant, fin 1992, Mamadou Konté à la dignité de Chevalier des Arts et Lettres.
"Je ne suis pas africaniste, je ne cherche pas à défendre seulement les Africains. J'essaie de défendre une idée qui profite autant aux enfants français, africains, et du monde entier. C'est ça mon histoire." Mamadou Konté